Enquête mobilité : les nouveaux résultats de l’Insee.

L’Insee a publié les résultats de sa nouvelle enquête mobilité réalisée en 2018 et 2019 à l’échelle nationale. Cette enquête, effectuée tous les dix ans, permet d’analyser l’évolution des comportements en matière de transport.

Dans cet article, nous comparerons les nouvelles données avec celles de 2008 en nous concentrant uniquement sur les déplacements domicile-travail.

Allongement des distances

Nous habitons de plus en plus loin de notre lieu de travail. En 10 ans, la distance moyenne des trajets domicile-travail a augmenté de plus de deux kilomètres. Elle est passée de 11,2 km à 13,3 km.

Cependant, une majorité d’actifs a un trajet inférieur à 10 kilomètres avec 54,2 %. Ce chiffre baisse à 35,8 % pour la part des trajets inférieurs à 5 kilomètres.

Répartition des mobilités domicile-travail en fonction de la distance
Répartition des trajets domicile-travail en fonction de la distance

Augmentation des temps de trajet

Puisque les distances s’allongent, les temps de trajet augmentent en conséquence. En moyenne, on est passé d’un temps par déplacement de 21,3 minutes en 2008 à 25,5 minutes en 2019.

Cela correspond à presque 33 heures supplémentaires perdues dans les trajets domicile-travail par an et par personne.

Dans le détail, on voit que presque un quart des actifs (22,7 %) passent plus d’une heure dans les transports par jour pour se rendre au travail.

Répartition des mobilités domicile-travail en fonction du temps
Répartition des trajets domicile-travail en fonction du temps

La voiture toujours ultra majoritaire

Sans surprise, la voiture est le mode de transport le plus utilisé même si une légère baisse est à observer au profit des transports collectifs et du vélo.

La marche à pied, elle aussi, perd du terrain. Cependant, elle reste le troisième mode le plus utilisé avec 9,4 %.

Il est à noter que la part modale du vélo a gagné seulement 1 point en 10 ans. L’objectif du gouvernement de tripler la part du vélo dans les déplacements du quotidien, en passant de 3 à 9 % d’ici 2024 apparaît donc comme très ambitieux. La création d’infrastructures et le déploiement d’équipements sont nécessaires pour accélérer l’évolution naturelle des comportements.

Répartition des mobilités domicile-travail en fonction du mode de transport
Répartition des trajets domicile-travail en fonction du mode de transport

Quels enseignements tirer de cette enquête mobilité ?

L’usage de la voiture domine les déplacements domicile-travail. L’allongement des distances renforce cette dépendance et nous passons de plus en plus de temps dans les transports.

Il apparaît donc urgent de changer les habitudes de transport. D’une part pour respecter les engagements climatiques de la France via la Stratégie Nationale Bas-Carbone et d’autre part pour augmenter la qualité de vie : moins de pollution atmosphérique, plus de temps pour nos loisirs, moins de stress…

Comme souvent, dans la mobilité, il n’existe pas de solution unique. Les situations individuelles sont diverses et complexes et nécessitent donc un ensemble de solutions. En outre, les pouvoirs publics et les entreprises ont un rôle central pour encourager et accompagner ces changements.

La bonne nouvelle, c’est que le potentiel d’amélioration est très fort :

  • La mobilité douce (marche à pied, vélo, trottinette…) est une solution pertinente pour une partie des 35,8 % d’actifs avec des trajets de moins de 5 km. Avec le vélo à assistance électrique, on peut même parcourir facilement des distances de 10 km.
  • Pour des trajets plus longs, il est nécessaire de renforcer la multimodalité (voiture + train ou vélo + train). Seulement 1,3 % des actifs utilise cette solution actuellement.
  • Lorsque l’offre de transport en commun est insuffisante et la dépendance à la voiture réelle, on peut imaginer des solutions comme le covoiturage.
  • Pour une partie des emplois, le coworking, le télétravail ou bien un changement de site, peuvent inverser la tendance d’éloignement du lieu de résidence avec le lieu de travail.

Enfin, il semble important de préciser que l’enquête mobilité a été réalisé avant l’épidémie de la COVID. La pandémie a bouleversé nos habitudes : déploiement du télétravail, déménagement à l’extérieur des centres-villes, baisse de fréquentation des transports en commun, mais il est pour l’instant difficile de savoir si ces tendances vont persister. De plus, les conséquences exactes sur nos déplacements ne sont pas encore bien documentées.

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